Auparavant, je peignais et dessinais souvent David, mon compagnon.
Il était la plupart du temps nu, debout, de dos, en train de s’habiller ou de se déshabiller, on ne pouvait pas vraiment le savoir.
Et puis, nous sommes partis vivre deux ans à New York. Je ne parvenais plus à travailler. Chaque fois que je commençais un dessin ou une peinture, je les détruisais. Quand je tentais de représenter David, je le malmenais et le déformais tellement que je décidais de travailler sur une autre forme.
Une petite femme s’est progressivement installée qui tentait de trouver un équilibre dans l’espace de la feuille du papier. A fil des années, elle a pris peu à peu de l’assurance. Elle est devenue mère, méduse, araignée, monstre, amante, nid, boule.
Un jour croyant chercher des lieux qui m’étaient inconnus, j’ai vu apparaître dans le dessin que j’étais en train de faire, la tête de David. Juste sa nuque et les boucles de ses cheveux. Il était là, dans le même mouvement que celui où je l’avais laissé dix ans auparavant. Cela m’a procuré un grand plaisir de sentir qu’il était toujours en moi. Puis, les Araignées et l'oeil sont revenus.
Texte catalogue exposition Gennevilliers.1999.