Les rencontres impossibles devenues possibles
A l’occasion de l’exposition à la Maison des arts de Châtillon, je voulu réaliser un nouveau groupe de sculptures lié à plusieurs évènements douloureux décrits dans mon livre : Louise, sauvez-moi ! Paru aux éditions Actes Sud en Mai 2018.
Il s’agissait d’une part du moment où mon père se trouvant à New York refusa de rencontrer Louise Bourgeois qui l’avait invité chez elle, puis, du jour où Louise refusa de voir mes sculptures que je lui avais apportées de Paris et qui me mis littéralement à la porte de chez elle…
Ce groupe de sculptures représentait mon père (en cyclope) qui tournait ostensiblement le dos à Louise (son buste recouvert de mamelles et des pattes d'araignées surgissant de sa tête), qui tournait le dos à mes sculptures, et moi qui levait les bras pour tenter d’apaiser la situation.
Durant l'exposition à la Maison des Arts de Châtillon, plus le temps passait, plus j'attendais avec impatience que l'exposition se termine afin que je puisse installer mes sculptures en cercle dans mon atelier afin qu'elles cessent d'être en conflit.
Ainsi, grâce au pouvoir magique de la Sculpture je pouvais créer une réconciliation….
Elles passèrent donc plus d'un an, installées en cercle dans mon atelier à s'habituer à cette nouvelle situation ce qui me faisait un grand bien.
Puis, par le plus grand des hasards, (Mais, était-ce vraiment un hasard ? ... ) Sophie Cazé du Musée de l'hospice ST Roch d'Issoudun, vint me rendre visite à mon atelier pour me proposer d'exposer "Les folles d'enfer de la Salpêtrière" dans la salle des femmes du Cloître et d'installer un groupe de sculptures dans un cercle végétal de 3 mètres de diamètre au centre du nouveau parc de sculpture du Musée d'Issoudun.
Lors de l'été 2019, je demandais à mes amis et à mes filles Gaïa et Maïa, de faire une simulation de l'implantation des personnages dans un cercle virtuel de 3 mètres de diamètres afin de comprendre combien de sculptures je devrais ajouter au groupe déjà constitué par mon père, Louise et moi-même. (Mes petites sculptures n'étant plus nécessaires puisqu' elles étaient déjà incarnées par les autres)
Il fut très vite évident qu'il en manquait deux. Spontanément je me dis que j'allais rajouter mes deux filles (L'idée me plaisait beaucoup). Mais elles me répondirent qu'elles n'avaient rien à voir avec le sujet puisqu'elles n'avaient pas été en conflit avec Louise ni mon père… Je me rendis à l'évidence : Je devais représenter ma mère et David qui eux avaient été en conflit, comme je le décrivais dans mon livre…
Je décidais donc avec une grande appréhension de commencer par ma mère qui avait disparue en 2018. Je cherchais des photos d'elle, jeune, belle et coquette et tentait de retrouver cette mère que j'avais aimée avant que nos relations ne se compliquent. Je retrouvais dans son appartement des colliers de turquoise, de lapis lazulli et de corail qu'elle adorait et que j'intégrais à sa sculpture. Lors de ce travail, j'éprouvais un apaisement inattendu et délicieux. Puis, ce fut le tour de David que j'avais déjà représenté maintes fois dans mes dessins avec ses boucles de cheveux si particulières. Pour lui donner un signe "distinctif" je réalisais un caducée lié à la science et à la médecine… Après beaucoup de péripéties, j'y parvenais.
Ainsi maintenant, nous sommes réunis, en cercle dans le parc du musée d'Issoudun pour quelques mois et pour mon plus grand plaisir. Février 2020.