Pendant toute la longue période durant laquelle j’ai écrit le livre sur mon père ("Un père bouleversant", 2015, éditions Actes Sud), alors que je racontais les premières années douloureuses de sa vie, j’éprouvais régulièrement une terrible envie de m’en échapper et de me retrouver dans mon atelier seule, avec mes dessins et mes sculptures. Mes pastels se métamorphosèrent doucement en éclosions, proches d’un monde végétal étrangement apaisé.
Puis, lorsque je me mis à parler de mon enfance avec lui en Corse et de nos pêches sous-marines, j’éprouvais le besoin de changer de technique et passais du pastel à l’aquarelle et à l’encre. Les dégradés de rose glissèrent doucement vers des dégradés d’encres et d’aquarelles bleues créant une nouvelle correspondance avec mes sculptures. Dans ce nouvel univers aquatique, des créatures marines, des yeux, des méduses apparurent. Indépendamment de la Méduse des mers à la fois fascinante et inquiétante avec ses tentacules proches de celles de la pieuvre ou de l’araignée qui ont toujours habité mon travail, le thème de la mythologique grecque de Méduse apparaissait de manière évidente. Liée à la fois au regard, à la féminité, au sexe, à la décapitation, à la sidération, à la mort à la vie.