J’écris, je dessine et je sculpte de manière régulière et autonome.
Ces trois modes d’expression me sont devenus, indispensables. Ce que je ne peux exprimer dans un domaine peut soudainement s’exprimer dans un autre. Il n’y a plus de moment de vide ou de silence. Beaucoup de thèmes s’y croisent et s’y répondent.
Je ne retranscris pas quelque chose que j'ai vu ou pensé. J'attends ce moment magique où tout d'un coup quelque chose de nouveau et de vivant apparaîtra, lié à nous, à notre force de vie, à notre animalité, à notre universalité. J'ai alors la sensation délicieuse et insensée de créer de la vie et d'éloigner un petit peu la mort...
Je cherche à fixer cet instant suspendu, que l'on ressent devant une œuvre qui nous touche et où l'on prend soudain conscience de cette évidence tellement sidérante que maintenant nous sommes vivants alors que plus tard nous ne le serons plus.
La question de la folie, de l’équilibre mental, est également présente dans mon travail. Je m’aventure souvent sur cette ligne étroite où le vertige de la chute n’est pas loin. Parce que j’ai l’impression que c’est dans ce moment fragile d’équilibre que l’on trouve ce qui constitue l’essentiel de l’humain.
Les dessins souvent formellement plus abstraits que les sculptures parlent cependant toujours de nous, de notre corps ou de nos pensées inconscientes. La sensualité, la vie, l’étrangeté, l’inquiétude y sont toujours présents.
Mâkhi Xenakis